dimanche 21 juin 2009

Le mot choisi: Chaleur

Je me réveillai en sueur. L'espace d'un rêve, j'ai eu l'impression d'avoir tout perdu.
Perdu la chaleur de ton corps à jamais. Je me réveillai en sueur.
De peur qu'un matin, j'allais être redevenue maître de ma respiration.
Je tombais, tombais si bas que chaque battement de coeur repoussait tout ce que je te devais.
Tout ce que je nous dois.
Tu étais là, sans bouger ... pourtant j'avais l'impression que tu me regardais, que tu respirais le parfum que j'avais déposé sous ma nuque en pensant à toi. Je suis restée immobile, ne contrôlant toujours pas ma respiration qui se faisait trop rapide, trop excitée. Je suis restée immobile à m'approcher doucement, si doucement que je me demandais même si les mouvements que j'effectuais n'était pas qu'une illusion, en réalité. Le temps a passé si lentement, que je n'ai pu en profiter comme j'aurais voulu. C'est le paradoxe qui t'accompagne. Tout passe si vite, mais tout est emprisonné dans un espace qui ne voyage plus.
Je suis prisonnière de ce que tu n'imagines même pas avoir créé.
Je t'ai écouté, alors que tu étais ailleurs dans tes songes profonds.
Je n'ai pu m'empêcher de me rapprocher encore un peu, et j’ai su qu'à ce moment tu étais avec moi.
Encore un peu ... doucement, la chaleur de ton corps contre le mien.
Tes yeux toujours fermés.
Tout était trop intense, je t'en ai voulu.
Je t'en voulais de jouer avec tout ce que je n'arrivais plus à contrôler. De savoir que tu pensais à ce que je voulais avec la même volonté que moi.
De ne pas bouger plus rapidement que moi, de savoir que chaque mouvement de ta part m'était dirigé, mais que tu jouais encore un peu. Tu jouais, je résistais. Si près de moi, trop près.
J'étais vulnérable, esclave de ces sentiments, j'ai senti ton front s'appuyer contre le mien. Tu n'as rien dit, ni même tes yeux ne m'ont regarder.
Je n'ai rien dit. Les yeux figés.
J'ai compté un, deux, trois ... quatre ... nous avons succombés.
Quatre secondes: les plus longues, les plus intenses, les plus désirées.
Rien aurait pu m'éloigner. J'en ressens encore la chaleur, toujours et encore.

Histoire de désir

Il existe dans quelques régions éloignées de capitales oubliées, des vieux savants qui tentent encore de trouver le remède contre l'amour. Le tiraillement du cœur, les tremblements de voix et surtout la chaleur du sexe des femmes contre leurs peaux les avaient depuis toujours dégoûtés. Ces hommes, mis au monde par des femmes violées, n'avaient au grand jamais pu apprécier en eux naître le désir, qui se savait malin. Naissant là où tout est dans les mains de la sublime Orphée.
Une nuit que le soleil reflétait sa lumière plus intensément sur la lune; le plus vieux des savants s'aventura près d'une petite rivière. Lasse de se savoir, si loin de son dessein. Il s'abandonna au sommet d'un rocher. L'eau se faisait belle et tâchait de faire miroiter son désir d'être habitée par cet homme. Rapidement, il laissa tomber sa tunique plus loin sur le rivage et plongea. Après quelques secondes, qui parurent une éternité à ses poumons archaïques, il remonta à la surface et tout près de lui. La plus belle des créatures nouait ses cheveux avec délicatesse. Lentement, elle détacha les lacets qui retenait son corsage ... encore plus lentement, l'homme su apprécier la volupté de son corps. Tout en courbe, tout en douceur. Il fixa ses seins, son ventre, le galbe de ses hanches, l'éternité de ses jambes qui menait au sommet de ce qui pouvait n'être que le nirvana. Sous l'eau froide, il sentit qu'il ne s'appartenait plus. Le désir, la soif de goûter la saveur de son corps, la dureté de son être. Les jambes faibles, la respiration bruyante, il n'arrivait qu'à sentir que chaque battement de cœur, c'était son bassin qui en prenait en coup. Il voulut s'approcher, puis vit son reflet. Quelques secondes, il pensa à toutes les théories qu'il avait depuis si longtemps élaborées. Il ne pouvait s'approcher.
Or, il s'approcha.
La belle n'entendit rien, puisqu'elle n'avait jamais voulu écouter ce que le monde avait à lui offrir. Il l'a pris par derrière et l'a sorti de l'eau. Il voulait la posséder. Elle se sentit dépossédée. Il voulait l'admirer, mais elle était aveuglée par la violence de cet homme venu de nulle part. Il passa sa main sur chaque repli d'elle-même, puis refit le même trajet avec sa bouche. La belle se mit à frissonner à la rencontre d'endroits encore inconnus, mais tentait encore de se faire fugitive. Puis, il en eut assez et voulut la pénétrer. Il la voulait entière dans lui, prisonnière. Sentir ce désir vierge. À quatre pattes, elle dû se mettre et il entra d'abord avec délicatesse, puis il en voulait plus et chaque gémissement que poussa la belle l'incitait à aller plus loin et plus fort et plus vite. Le moment culminant ne tarda pas à se pointer, il sentit le bas de son ventre si dur, si chaud qu'il ne put retenir la fuite de son plaisir ultime. Il se retira d'elle, la laissa tomber sur le côté et l'obligea à y rester. Pour qu'encore quelques instants, avant les premiers rayons du matin, il puisse l'admirer. Des heures durant, elle sanglota son triste sort, puis elle courut loin de l'homme qui s'était désormais endormi.
Exaspéré de s'être toujours refusé aux femmes, il retourna à ses songes pour terminer sa misérable vie. S'obligeant à ne pas penser, qu'à son tour comme son père, il avait un soir succombé aux charmes d'une femme. S'obligeant à croire, qu'il n'avait pas vendu l'âme d'un homme. S'obligeant à imaginer que sa descendance allait comprendre plus rapidement que lui: que l'amour est essentiel et plus on s'y refuse plus le désir se fait dangereux.